Le géant malien du coton est plongé dans la tourmente suite à la découverte d’irrégularités de plus de 3,4 milliards de F CFA.
Les marchés publics restent le lieu de prédilection de pratiques déviantes, de rencontre des opportunités de corruption, de détournement de fonds, bref, des atteintes à la probité publique, aussi bien des maitres d’ouvrages, des agents qui interviennent dans la procédure, que des prestataires. Les manquements aux règles relatives à la passation des marchés susceptibles d’être sanctionnés peuvent être constatés à la phase de la consultation, de l’examen des offres, et au niveau de leur attribution.
Considérée comme le fleuron malien de l’agro-industrie, la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) est empêtrée dans de vastes malversations portant sur plus de 3,4 milliards de F CFA. Le Vérificateur général pointe du doigt des irrégularités relatives à la passation et au paiement irrégulier du marché n°70-2019/DA relatif à la fourniture de matériels informatiques complémentaires pour 16 182 000 FCFA, à la passation et au paiement du marché n°2-2018/DA inéligible aux ressources de la CMDT relatif à la construction de salles de classes et de latrines à Soungoumba et Zangousso pour 80 660 546 FCFA, à la minoration des pénalités de retard pour 82 333 300 FCFA, à la minoration des patentes au niveau de la Holding pour 201 411 547 et des filiales sud de Sikasso pour 622 430 947 et Nord-est de Koutiala pour 392 411 198 FCFA, à la minoration des droits de sortie du coton et de la contribution générale de solidarité pour 1 162 700 744 FCFA, à l’octroi irrégulier d’appuis financiers pour 259 597 412 FCFA, et aux prêts irrégulièrement accordés aux personnels de la CMDT et non remboursés pour 588 822 563 FCFA.
Dénoncer et proposer riment bien
Le Vérificateur général s’est tourné vers le Procureur de la république près le Tribunal de Grande Instance la Commune III du district de Bamako chargé du Pôle économique et financier en vue de réprimer l’atteinte aux règles de passation et les autres irrégularités décelées.
Dénoncer c’est bien, proposer des bonnes manières l’est autant. Fleurie une panoplie de recommandations en relation cette fois-ci avec les irrégularités administratives et qui sont du style : « la CMDT doit respecter le plafond des réserves statutaires, tenir le registre de délibération des actionnaires, établir régulièrement le rapport de gestion, établir les comptes consolidés conformément à la réglementation comptable de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires, procéder à la régularisation des charges constatées d’avance conformément aux dispositions du droit comptable de l’OHADA, faire respecter les critères de capacité technique par des soumissionnaires et procéder à la mobilisation intégrale des cautions de bonne fin d’exécution. »
Créée en 1974, la CMDT est une société anonyme d’économie mixte, chargée de gérer la filière de production cotonnière du Mali. Elle assure plusieurs missions : le conseil agricole en direction des producteurs de coton, la collecte, la commercialisation, l’égrenage du coton graine, la vente de la fibre de coton à l’exportation et aux industries textiles maliennes et la vente de la graine de coton.
Le groupe C.M.D.T. SA possède ses propres procédures, dont celle de l’approvisionnement en biens et services. La politique de passation des marchés du groupe CMDT SA est pilotée au siège par la Direction des Approvisionnements (D.Appro).
Ibrahim Yattara
Source : Le Matin