L’Association des Éditeurs de Presse Privée (ASSEP) a réagi contre la menace proférée contre les journalistes sur les réseaux sociaux à travers « une déclaration haineuse d’un groupe d’individus se réclamant travailleurs de l’Hôpital du Point G ». Dans sa réplique, cette faitière de la presse malienne a dénoncé avec énergie l’« incitation à la violence et une attitude attentatoire à la liberté de presse garantie légalement en République du Mali ».
Les hommes de médias, n’ont-ils plus le droit d’exercer librement en République du Mali ? La question reste posée. Sur le sujet, la réaction de l’ASSEP (Association des Éditeurs de Presse Privée) ne s’est pas fait attendre, face à ce qu’il convient d’appeler une « menace contre la liberté de presse » en République du Mali.
Dans son communiqué de dénonciation, l’ASSEP a fait savoir son indignation totale après avoir « suivi avec surprise et inquiétude, le 12 octobre 2022, sur les réseaux sociaux, une déclaration haineuse d’un groupe d’individus se réclamant travailleurs de l’Hôpital du Point G contre les journalistes ». Ces faits remontent au 12 octobre 2022. Etre travailleur à l’Hôpital du Point G ne donne pas le droit à un citoyen malien de refuser de se soumettre à la loi en vigueur au Mali, au point d’en vouloir à un journaliste dans l’exercice de ses fonctions et menacer de le violenter.
« Dans ladite déclaration, un certain Moussa Diamou Traoré, accompagné de certains de ses collègues, profère des menaces verbales contre les journalistes. Il arrive jusqu’à promettre de faire casser les matériels de travail de tout Journaliste…en train d’exercer son métier à l’intérieur de l’Hôpital sans l’autorisation de l’Administration ».
L’ASSEP, attachée à l’idéal de défense et de sauvegarde des valeurs démocratiques, dénonce avec la dernière énergie une incitation à la violence et une attitude attentatoire à la liberté de presse garantie légalement en République du Mali.
La faitière de la presse a également « profité de l’occasion pour mettre en garde contre toute tentative visant à entraver la pluralité d’opinions et toute action pouvant porter atteinte à l’intégrité physique ou morale des journalistes dans l’exercice de leur métier ». Tout en se réservant le droit d’engager, en lien avec tout journaliste éventuellement victime desdites menaces, des procédures devant les juridictions compétentes pour faire valoir les droits des journalistes en République du Mali, l’ASSEP a invité l’ensemble des journalistes – exerçant strictement en cette qualité – de rester sereins et à observer scrupuleusement, en toutes circonstances, l’éthique et la déontologie qui encadrent la profession.
C’est le moment de rappeler que la semaine dernière, un communiqué de la Haute Autorité de la Communication a mis en demeure Djoliba TV et son journaliste Mohamed Attaher Halidou après la diffusion d’un éditorial pour diffamation à l’endroit des autorités de la transition et de l’instance de régulation.
Interrogé sur la question, Monsieur Bandiougou Danté, Président de la Maison de la Presse a fait savoir que « cette interpellation n’est pas une sanction »
« La HAC est dans son rôle en adressant une mise en demeure à un organe de Presse. La mise en demeure donne la possibilité à l’organe de s’expliquer. Seule l’organisation de régulation peut interpeller un organe. Cette interpellation n’est pas une sanction. Elle doit permettre de convaincre. D’ailleurs, des mises en demeure sont régulièrement adressées aux organes audiovisuels. L’organe concerné a géré un cas similaire dans un passé très récent sans l’implication des réseaux sociaux. Malheureusement, aujourd’hui, tout le monde s’implique dans tout au point que le Mali est devenue le pays des spécialistes de tout. Enfin, il faut inviter la HAC à privilégier le dialogue permanent avec les médias, en initiant des sessions de renforcement de capacités », a expliqué Bandiougou Danté.
Pour Tiégoum Maïga, journaliste doyen, parmi les doyens, de la presse malienne : « si jamais, sur la base de l’article 2, la HAC parvenait à fermer Joliba FM, ce serait très grave pour la liberté de la presse et pour la liberté d’expression ». Et d’ajouter : « J’ai réécouté immédiatement l’éditorial incriminé, puis une deuxième fois, puis une troisième fois. Je n’ai pas entendu l’once d’un manquement à la déontologie et à l’éthique de notre profession ».
Ramata Diaouré membre du CNT, représentante du RSF au Mali a souligné qu’elle n’a « pas trouvé qu’il y avait une faute professionnelle de la part de Mohamed Attaher Halidou ». « J’ai été un peu surprise et ai donc tenu à écouter attentivement l’édito du journaliste de Joliba TV. Sans préjuger de ce qui va sortir de la rencontre avec le promoteur de la télé, je n’ai pas trouvé qu’il y avait une faute professionnelle de la part de Mohamed Attaher Halidou. Je reste donc à l’écoute pour la suite », dit-elle.
Binadjan Doumbia
Source Malikilé