RETOUR SUR LE ​BRADAGE DE L’HUICOMA : Qui sont les vrais actionnaires cachés à l’ombre de Tomota ?

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Fleuron de l’industrie malienne, l’Huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) a été bradée en 2005 à 9 milliards de F CFA l’opérateur économique Alou Tomota. Un vrai scandale qui continue à faire couler de l’encre et de la salive sur la base de nouvelles révélations sur cette opération mafieuse. C’est ainsi qu’une audio d’un ancien chef de division de la comptabilité générale (19 ans à Huicoma) révèle que Tomota n’a réellement été qu’un bouc émissaire dans cette affaire. Les vrais actionnaires ? Il indexe des barons de l’Adéma du temps du président Alpha Oumar Konaré ainsi que deux anciennes Premières Dames du pays.

La privatisation de l’Huicoma est la concrétisation d’un vrai complot contre la nation ! C’est ainsi qu’on peut résumer l’audio virale de cet ancien chef de division de la comptabilité générale (19 ans à Huicoma). Et il s’est basé sur des facteurs macroéconomiques pour le démontrer. Au moment de sa prétendue privatisation, la capacité d’autofinancement de l’Huicoma (malgré un résultat déficitaire) était évaluée à plus de 3 milliards de francs CFA selon un bilan financier certifié par le cabinet d’expertise Diarra dont Tomota s’est intelligemment débarrassé en voulant ramener ses honoraires de 3 millions à 800 mille francs CFA.

L’huilerie était aussi créditée de plus de 21 milliards d’actifs au moment de sa privatisation, du moins de son bradage à Tomota pour 9 milliards qui n’auraient même pas été versés. Et cela d’autant plus que, apprend-t-on, «le montant n’a pas été versé sur le compte indiqué dans le Cahier des charges». Pour l’auteur de l’audio, la société a été volontairement affaiblie pour être bradée. Cela s’est traduit par l’augmentation, «d’une manière exponentielle», du prix de la matière première. «Au même moment, il n’y avait pas d’effet de levier pour l’augmentation du prix des produits finis… L’Etat nous contraignait à vendre l’huile, l’aliment bétail… sous prétexte que ce sont des produits sensibles», a déploré le chef de division de la comptabilité générale au moment des  faits. Et pourtant, a-t-il rappelé, «presqu’une semaine après la privatisation, le prix de la matière première (graine de coton) est passée de 57 500 F CFA la tonne à 12 500 F CFA… Et Tomota ne payait même pas la CMDT».

«Quand ils ont acheté la société, le prix de la matière première a chuté. Dans une telle situation, le prix des produits finis doit aussi baisser. Ce qui ne fut pas le cas. L’Huicoma vendait la tonne du tourteau à 200 000 au lieu de 70 000 F CFA… Pis, le repreneur s’est permis d’arrêter les usines pour exporter la graine de coton dans des pays voisins, notamment au Sénégal», a déploré le chef de division de la comptabilité générale dans sa sortie audio.

Au moment de la privatisation, a-t-il poursuivi, «il fallait faire l’arrêt en une semaine et faire l’inventaire. En une semaine, on a demandé d’arrêter toutes les ventes… L’évaluation des produits finis et des matières premières à Huicoma, de l’arrêt des usines à la signature des documents de privatisation, était de 7, 640 milliards F CFA». Sans compter un nouvel investissement qui datait de moins de 2 ans et qui était estimé à 14 milliards à Koutiala (une nouvelle chaîne ultramoderne de trituration et un groupe électrogène). L’unité industrielle comptait d’autres usines et un patrimoine foncier conséquent constitué, entre autres, d’une dizaine d’hectares à Koutiala, autant à Koulikoro et plus de 80 hectares à Kita.

Interpellé à l’UNTM par feu Siaka Diakité (alors Secrétaire général de l’UNTM) face à la situation des travailleurs de l’huilerie en sit-in permanent à la Bourse du Travail, Tomota aurait menacé de révéler les noms des vrais actionnaires de la nouvelle Huicoma si on ne le laisse pas en paix. Selon lui, avance le chef de division de la comptabilité générale, il n’était que la «10e personnalité» sur la liste des actionnaires, dont deux ex-Premières Dames de l’ère démocratique. Il avait dit n’avoir que la plus petite des parts par rapport à des barons du régime d’Alpha Oumar Konaré issus de l’Adéma.

Autrement, il n’était qu’un bouc émissaire de politiciens véreux. Nous disposons déjà de certains noms que nous gardons le temps d’approfondir nos investigations. Les autorités de Transition vont rendre un immense service à ce pays en faisant non seulement la lumière sur ce bradage, mais aussi et surtout en relançant les activités de l’Huicoma, en la ramenant dans le juron du parc industriel de l’Etat.

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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