Va-t-on vers une injustice sociale et syndicale au Mali ? : La CSTM dénonce au cœur de la célébration du 1er mai

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À l’instar de la communauté internationale, le Mali a célébré 1er mai 2025, la fête du travail. La Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM ) n’est pas restée en marge de cette commémoration en organisant une conférence de presse à son siège pour éclairer la lanterne de l’opinion publique nationale sur le refus par le gouvernorat du district de Bamako d’autoriser le défilé du 1er Mai de la plateforme syndicale composée de la CSTM, de la CMT, de la CDTM et de l’USTM. Le seul motif évoqué fut l’opposition du Gouvernorat à la participation de l’US TM au défilé aux côtés des autres centrales. La conférence était animée par le secrétaire général du CSTM, M. Hammadoun Amion Guindo en présence de l’ensemble des militants de la Confédération.

Cette journée du 1er mai a été célébrée par la Confédération sous le signe de la paix et de la justice sociale. D’entrée de jeu, le secrétaire général de la CSTM n’a pas manqué de rappeler que 2025 a été pour eux une année spéciale, exceptionnellement aux années précédentes. Il a expliqué qu’il s’agit de la violation des libertés syndicales. Dans son intervention, il a aussi fait un rappel historique sur la contribution du combat syndical dans l’indépendance de nos États de l’Afrique francophone à nos jours. « Ce sont les syndicats qui ont mené leur combat pour accéder à nos souverainetés nationale et internationale. Ce sont eux qui ont aussi mené le combat pour le changement de gouvernance au Mali », a-t-il déclaré. Le secrétaire général déplore aujourd’hui la situation qui se passe dans un pays comme le Mali qui prône l’état de droit. Il s’interroge sur la probable dissolution des organisations syndicales à l’heure où les choses se passent. Il dira que ce sont les travailleurs qui se sont battus pour la mise en place de ces syndicats. Et de poursuivre que le Mali appartient à tous et que les maliens doivent préserver l’intérêt supérieur de la nation. Pour sa part, la CSTM n’est pas fière de l’acte du procureur qui viole les règles de la liberté syndicale. Le secrétaire général GUINDO rappelle que l’USTM est née le 14 janvier, une date historique au Mali. En effet, le 14 janvier c’est pour le Mali la souveraineté retrouvée. Et c’est également la recherche de la liberté syndicale pour l’USTM. Quand celui qui recherche sa souveraineté empêche celui qui cherche sa liberté, il y a lieu de s’inquiéter et de s’interroger : On est où ?
Il a aussi annoncé que la Confédération est en train de réfléchir sur les éventuelles mesures afin de sauvegarder la liberté syndicale. En ce qui concerne l’Union Syndicale des Travailleurs du Mali (USTM), il dira qu’elle se préparera pour défendre les intérêts de l’ensemble de ses militants. Et d’ajouter que la Confédération ne ménagera aucun effort pour accompagner l’USTM.

Dans une déclaration liminaire rendue publique, le camarade militant Luc Sangaré dira que la CSTM a décidé de célébrer cette 136ème année de commémoration du 1tr Mai sous l’angle de la dénonciation à travers cette conférence de presse.
Il a rappelé que le 1er mai remonte en 1886 où les syndicats américains vont déclencher la première grève du 1er mai (appelé moving day) avec pour objectif la limitation de la journée de travail à huit heures (pour avoir huit heures de loisir et huit heures de sommeil). Et plus de 340 000 travailleurs ont suivi cette grève, ce qui déclencha les tueries de Chicago ayant causé plus de 200 morts. Ainsi le 20 juin 1889 le Congrès de la Deuxième Internationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à travers le monde en mémoire du mouvement du 1er mai 1886 de Chicago. Il dira que la leçon de morale de ce rappel est que les travailleurs ont décidé de prendre leur destin en main pour entrer en possession de leur liberté même si cela a coûté la vie à un bon nombre de travailleurs. Cela nous rappelle aussi l’implication des syndicats dans les grands changements politiques de notre pays. Et d’ajouter que chaque fois que la CSTM a estimé qu’une question est du ressort de l’intérêt de la nation, de la souveraineté du peuple, qu’elle n’a pas hésité, un seul instant, à exprimer ses appréhensions réelles et sincères et à prendre position à travers des actes légaux : correspondances et déclarations. Dans cette déclaration, il a aussi souligné les conditions d’existence du syndicat et de l’exercice du droit syndical.
En ce qui concerne les violations des droits du travail et du droit syndical, il dira que ce qui se passe au Mali aujourd’hui c’est plus que de l’ingérence de l’Etat dans les affaires syndicales, qui est purement et simplement de l’étouffement et du musèlement des travailleurs à travers leurs organisations syndicales. Il a expliqué que leur non participation au défilé et la raison principale est la suivante : « la plateforme a envoyé au gouverneur du district de Bamako une demande d’autorisation pour le défilé et elle est restée officiellement sans réponse jusqu’à la date d’aujourd’hui, les seules réponses qu’on a eues étaient informelles car n’étant pas par voie de correspondance demandaient à la plateforme de retirer l’USTM du groupe pour avoir l’autorisation de défiler », a-t-il rappelé avant d’ajouter qu’ils se sont dit qu’ils ne peuvent pas cautionner cette ingérence de l’Etat dans les affaires syndicales. « Donc si l’USTM est privé de défiler, nous aussi nous nous privons du défilé en soutien aux camarades de l’USTM et en dénonciation de l’immixtion des autorités dans les affaires syndicales ». Il est aussi important de savoir que ces pratiques de violation du droit et de la liberté syndicale sont courantes dans notre pays. Et le pire c’est que ces pratiques s’exercent en toute injustice sur certaines organisations syndicales en privilégiant d’autres. Le camarade Luc Sangaré a souligné que dans toute l’histoire du Mali, c’est la première fois qu’un syndicat se voit rétracter son acte de conformité, qui est l’Union Syndicale des Travailleurs du Mali (USTM) et dissoute par les autorités judiciaires par lettre N°722/PR-CVI-BKo en date du 29 avril 2025 interdisant toute activité syndicale sur l’ensemble du territoire national. Pour la Confédération, ceci constitue une entrave grave sans précédent à la liberté syndicale dans notre pays que toute organisation syndicale digne de ce nom se doit de dénoncer. Il a signalé que leur centrale et certains travailleurs de leurs fédérations et syndicats affiliés sont de plus en plus victimes d’abus et d’injustice. Il a cité entre autres : -de la violation des droits au travail et du droit à l’exercice syndical de leurs camarades de l’Organisation Syndicale des Travailleurs de l’Orange Mali (OSTOM) victime de mutation illégale, de réduction de rémunération et surtout de rétrogradation. Leurs camarades de la SOMAGEP, victimes d’emprisonnement abusif et privation de salaire, leur camarades de l’ORTM et de l’EDM victimes de mutation illégale et de harcèlement ; de la situation des travailleurs de l’enseignement privé catholique menacés de licenciement massif à cause de la suppression de la subvention de l’Etat en apport à la prise charge salariale du personnel enseignant.
Et d’ajouter que toutes ces exactions sont dans le but de casser leurs organisations syndicales respectives.
Pour la confédération, ce tableau dressé décrit bien le niveau de menace qui pèse sur les travailleurs et leur liberté d’existence en tant qu’organisation syndicale et ce tableau est facteur à compromettre la paix et la stabilité sociale portées par le Pacte de stabilité sociale et de croissance auquel ils ont souscrit librement. Et cela interpelle à priori les pouvoirs publics et renvoie à la question fondamentale de justice sociale. Ils se disent convaincus que sans justice sociale, il ne peut y avoir de paix. encore moins de stabilité et de cohésion nationale. « Aucune nation, ne peut se construire et se développer sans justice sociale », a-t-il conclu en remerciant l’ensemble des membres et militants de la confédération.

Alassane Cissé

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