Le Mali a adopté cette semaine un nouveau code minier permettant à l’Etat de prendre jusqu’à 30% de participation dans les nouveaux projets et d’augmenter les revenus tirés d’un secteur capital pour l’économie nationale.
Le chef de l’Etat, le colonel Assimi Goïta, a promulgué le code lundi, a indiqué la présidence sur les réseaux sociaux mardi.
Ce pays sahélien, l’un des plus pauvres au monde, est l’un des premiers producteurs d’or en Afrique. Il dispose d’autres ressources minérales, largement inexplorées, comme le fer, mais aussi le manganèse et le lithium, appelés à jouer un rôle primordial dans l’effort global de transition énergétique.
Avec 72,2 tonnes produites en 2022 (dont 6 tonnes par l’orpaillage artisanal), l’or à lui seul contribuait à 25% du budget national, 75% des recettes d’exportation et 10% du PIB, disait en mars le ministre des Mines d’alors, Lamine Seydou Traoré.
Le secteur minier malien est dominé par les groupes étrangers, comme les Canadiens Barrick Gold et B2Gold, l’Australien Resolute Mining ou le Britannique Hummingbird Resources, qui opèrent malgré l’expansion jihadiste et l’instabilité politique auxquelles le pays est livré depuis des années.
Comme d’autres gouvernements en Afrique, la junte malienne qui a fait du rétablissement de la souveraineté un de ses mantras après avoir pris le pouvoir par la force en 2020 a exprimé sa volonté de faire profiter le pays de ses richesses.
La réforme du code minier devrait rapporter au minimum 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros) au budget annuel de l’Etat, disait le ministre de l’Economie Alousséni Sanou au moment de l’approbation du texte par le conseil tenant lieu d’organe législatif le 8 août.
L’objectif est de porter la contribution de l’industrie minière à 15 ou 20% du PIB, disait alors le nouveau ministre des Mines Amadou Keïta.
« Le nouveau code permet désormais au gouvernement de prendre une participation de 10% dans les projets miniers et l’option d’acheter 20% supplémentaires au cours des deux premières années de production commerciale », a indiqué le gouvernement.
« Une participation supplémentaire de 5% pourra être octroyée au secteur privé malien, portant les intérêts publics et privés nationaux dans les nouveaux projets à 35%, contre 20% aujourd’hui », a-t-il ajouté.
La réforme supprime des exonérations fiscales accordées aux entreprises au cours de l’exploitation. Les exonérations sur les produits pétroliers ou les équipements représentent chaque année environ 60 milliards de francs CFA (91 millions d’euros), disait le ministre de l’Economie début août.
La réforme prévoit la création de fonds pour le développement local ou la construction de routes.
Les autorités promeuvent la réforme depuis des mois en affirmant la nécessité que « l’or brille pour les Maliens ».
La société de conseil et d’analyse des risques Verisk Maplecroft voit là le reflet d’une « tendance plus large à travers le continent où les pays disposant de ressources abondantes, frappés par les chocs globaux, cherchent à renforcer leur contrôle sur le secteur minier ».
Mais la junte malienne « marche sur un fil », observe Mucahid Durmaz, analyste pour l’Afrique de l’Ouest. « Le gouvernement cherche à retirer plus de bénéfices de futurs investissements, mais la nouvelle loi risque de dissuader les compagnies minières étrangères d’investir au Mali », met-il en garde.
Source : Africanews