Au lendemain de l’expiration de l’ultimatum ouest-africain, exigeant le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat du 26 juillet, il faut noter qu’aucun déploiement de troupes n’a été observé ce lundi 7 août au Niger, où le calme régnait dans la capitale.
Pour le journaliste Antoine Glaser, la Cédéao n’a plus aucune marge de manœuvre, que ce soit au niveau politique ou diplomatique.
« On voit une cassure très nette maintenant entre les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, et puis tous les pays sahéliens, la Mauritanie et tous les pays où il y a eu des putschs, le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et maintenant le Niger. Le président Tinubu, quand il est arrivé au pouvoir, était déjà quasiment violent vis-à-vis des putschistes du Mali et du Burkina Faso. Donc, il a une vraie volonté d’affirmer une sorte de puissance régionale, » explique-t-il à la Deutsche Welle.
Le dialogue comme unique issue ?
Désormais, la Cédéao n’a plus d’autre solution que de revenir à un dialogue, souligne Bachirou Amadou Adamou, enseignant-chercheur et spécialiste du droit communautaire Cédéao.
« Véritablement, depuis dix jours, la Cédéao a échoué à mettre en place un dialogue avec la junte au pouvoir au Niger. Il aurait fallu à mon sens que ce dialogue soit fructueux, s’il n’y avait pas eu cette menace d’intervention par la force, » souligne l’enseignant.
Le peuple s’oppose à toute intervention étrangère
La Cédéao, dans ses sanctions et son comportement, serait allé « à l’extrême », selon Maïkoul Zodi, coordinateur du collectif Tournons la page au Niger.
Pour l’activiste, les sanctions prises par l’organisation ont eu pour conséquence de renforcer la cohésion au sein de la population nigérienne qui s’oppose à toute intervention étrangère.
« Dans toutes les déclarations de la communauté dite internationale, que ce soit la Cédéao, que ce soit la France, ils parlent tous de Bazoum. Ils disent que Bazoum a été élu démocratiquement, ils ne parlent même pas du peuple nigérien, ils ne parlent même pas de l’Etat du Niger, c’est juste leur manière d’individualiser, de personnifier ces actions, mais le Niger a un peuple. Ils n’ont pas tenu compte des préoccupations du peuple et c’est ce qui fait que le président nigérien s’est mis dans cette situation malheureuse. «
Ce lundi, l’Allemagne et l’Italie se sont dites favorables à une solution diplomatique au Niger. Même si l’ultimatum de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest a expiré ce 6 août, »les discussions de médiation se poursuivent » avec les militaires qui ont pris le pouvoir à Niamey, a assuré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
Auteur: Wendy Bashi