Conférence sociale dans le domaine du Travail : Poser les jalons d’un apaisement du climat social

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En présence du Premier ministre de la Transition par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, des présidents des Institutions, des membres du gouvernement, du corps diplomatique accrédité au Mali, des responsables des différentes centrales syndicales, du
Directeur pays de l’Organisation Internationale du Travail, Frederic Petar, du président du Conseil National du Patronat du Mali, Mossadek Bally, la conférence sociale – dans le domaine du travail – a été lancée hier, lundi 17 octobre 2022. Cette conférence qui durera une semaine devra aboutir à un pacte de stabilité sociale…
Les centrales syndicales se lâchent et demandent de mettre tout à plat pour plus d’équité entre les travailleurs
Au nom des quatre centrales syndicales, l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (Cstm),  la Confédération des travailleurs du Mali (CTM) et la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm), Abdourahamane Infa Touré a exprimé ses attentes à l’occasion cette conférence. « Il s’agira aux termes de nos travaux d’élaborer des stratégies prospectives dans un cadre garantissant à nos organisations l’exercice de la vocation véritable d’un syndicat  dans un pays en retard et qui a besoin de changements utiles, à savoir : l’augmentation de la production dans les secteurs primaire, secondaire, tertiaire afin que les normes d’une qualité de vie sans cesse progressive, d’expansion progressive considérable des emplois, de l’éducation, de la santé, des infrastructures » , ont déclaré les centrales syndicales qui ont promis de suivre de près les conditions de travail et de vie des travailleurs. « Si on a laissé faire jusqu’en 2020, le syndicalisme malien sera désormais regardant des faits politiques, diplomatiques, de passations des marchés, de contrats d’exploration et d’exploitation dont la gestion défectueuse et antinationale l’obligera à recourir maintenant aux procédures de destitution, avant des grèves illimitées », a laissé entendre M. Bengaly.
Les aspirations des centrales à l’issue de cette conférence, selon leur porte-parole, correspondent non seulement à une visibilité de la politique générale du syndicalisme au Mali, mais aussi la confirmation d’un traitement pacifique des revenus et pouvoirs d’achat, d’une épuration des relations de travail, de la reconnaissance du volet sociopolitique et économique du syndicalisme, dont les dimensions sont mal vues au Mali. « Si les résultats de la conférence n’étaient pas perçus comme un endormissement réussi des dirigeants syndicaux, alors l’espoir serait permis », ont déclaré les 4 centrales syndicales.
Les sept propositions du BIT
Au-delà des personnalités maliennes, cette conférencière sociale, première du genre au Mali, a enregistré la présence du directeur pays de l’Organisation internationale du travail basée à Abidjan, Fréderic Petar. Dans son intervention, M. Petar a salué les efforts des autorités de la transition dans la quête de la stabilité sociale à travers l’organisation d’une conférence sociale. Ainsi, il a formulé des propositions à l’endroit des autorités maliennes. Ces propositions sont, entre autres : une meilleure structuration du dialogue social avec pour objectif final la création d’un cadre permanent tripartite, la clarification du paysage syndical par la détermination de la représentativité syndicale, la formation des acteurs, la mise en place d’initiatives volontaristes, la promotion de la négociation collective, l’organisation des travailleurs et employeurs de l’économie informelle, la politique de rémunération dans les secteurs public et privé.
Au nom du Conseil national du patronat du Mali, Mossadeck Bally, a, lui aussi, salué la tenue de cette conférence.
Nécessité d’un climat social apaisé
A l’entame de ses propos, la ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, Diawara Aoua Paul Diallo, a précisé que la « Conférence sociale dans le domaine du travail est l’occasion pour nous de poser des jalons d’une évolution permettant à l’ensemble des acteurs sociaux d’avoir une convergence de vue pour l’apaisement du climat qui a été fortement perturbé au cours des cinq dernières années ».
Après avoir souligné une évolution profonde des mouvements syndicaux et à la multiplication des revendications catégorielles de tout genre, la ministre a indiqué : « En termes de statistiques, le ministère du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social avec ses services centraux et déconcentrés ont enregistré respectivement 114 préavis de grève en 2019, 125 en 2020, 103 en 2021 pour les secteurs public et privé ». Pour elle, le front social doit d’être apaisé rapidement.
Selon elle, les  conflits de travail montrent que les multiples revendications syndicales dans les secteurs public et privé ont porté sur entre autres : l’exercice de la liberté syndicale ; les revendications salariales et l’amélioration des conditions générales de travail; la représentativité syndicale ; la gestion des carrières ; la santé et la sécurité au travail ; les licenciements ; la gestion des départs volontaires ; la gestion des compressés ; les questions d’intégration des contractuels dans la fonction publique  et, la sécurisation des lieux de travail.
S’agissant des natures des revendications, la ministre précise qu’elles concernent la révision de statuts autonomes ou l’adoption de nouveaux statuts autonomes en violation des dispositions constitutionnelles, la protection de la santé et de la sécurité des travailleurs, mais aussi l’octroi d’accessoires de salaires que sont les primes et indemnités. « Ces revendications ont des répercutions préjudiciables dans l’application des textes de base tels que le statut général des fonctionnaires dans le secteur public, le plus souvent vidé de son essence, mais aussi des conventions collectives dans le secteur privé », a-t-elle laissé entendre. Elle ajoute : « Dans les fonctions publiques d’Etat et des collectivités territoriales, des disparités existent entre agents d’une même fonction publique. Ces disparités portent essentiellement sur les grilles salariales, les primes et indemnités et la gestion des carrières. De ce fait, le niveau de détérioration du climat social nous impose d’interroger les causes réelles de cette détérioration d’une part et l’exercice du droit de grève au Mali d’autre part ».
Recadrer le pluralisme syndical
Cette rencontre a été l’occasion pour la ministre de demander le recadrage du pluralisme syndical. « La création de plusieurs centrales syndicales et syndicats libres et autonomes a multiplié les interlocuteurs de l’État et ceux des organisations patronales. Ainsi, pour résoudre ce problème, la mise en œuvre du pluralisme syndical doit être encadrée ainsi que l’autorité de tutelle par rapport à la création des organisations syndicales », a-t-elle laissé entendre, avant de déplorer : «Aujourd’hui, chacune de ces centrales syndicales revendique le droit de représenter les intérêts de l’ensemble des travailleurs soit au sein des conseils consultatifs nationaux comme le Conseil économique, social et culturel, le Conseil supérieur du travail, le Conseil supérieur de la fonction publique soit dans les organes de délibération des établissements publics ».
Pour le gouvernement, il y a une nécessité d’identifier les organisations syndicales les plus représentatives, pour assurer l’équité de traitement et renforcer par la même occasion le dialogue social. Cette conférence permettra donc de poser l’ensemble des problèmes sociaux dans le domaine du travail sur la table, afin d’en faire un sujet global de discussion.
Selon la ministre Diallo, la volonté « des pouvoirs publics d’associer les partenaires sociaux aux réformes envisagées résulte de la conviction du Gouvernement qu’un consensus est nécessaire entre les principaux acteurs du monde du travail pour résoudre les questions économiques et sociales importantes, promouvoir la bonne gouvernance et favoriser la paix et la stabilité sociale et économique ».
Toujours selon la ministre du Travail et de la Fonction publique, les recommandations qui sortiront de cette conférence vont sans nul doute favoriser l’élaboration d’un pacte de stabilité sociale et un plan d’actions de mise en œuvre des recommandations. « Les thèmes qui seront développés tout au long de cette conférence sociale, notamment sur la liberté syndicale, le dialogue social et la politique de rémunération, nous permettront, j’en suis sûre, d’aboutir à des résolutions et recommandations pour un climat social apaisé pour le plus grand bien de l’administration malienne tout bord confondu et le secteur privé qui est le moteur de la croissance tant attendue par notre pays », a-t-elle indiqué.
Pour sa part, le Premier ministre par intérim a rassuré les travailleurs de la volonté des autorités à aboutir à un pacte de stabilité sociale.  « Les pertinentes recommandations auxquelles vous parviendrez, au cours de vos travaux aussi bien en plénière qu’en ateliers permettront de donner un contenu essentiel au futur document de pacte de stabilité sociale, sécuritaire et de croissance dont notre pays a tant besoin et aideront le Gouvernement à endiguer les remous et contestations de nature corporatiste reposant quand même sur des fondements de droits : droit au travail, droit à une vie décente, droit au repos et j’en passe », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga.
De fortes recommandations attendues !
Recommandée par les Assises nationales de la Refondation, cette conférence sociale est inscrite dans les priorités du gouvernement à travers l’axe n°4 du plan d’action du gouvernement, adopté le 2 août 2021, par le Conseil national de transition. Cet axe consacre, et inscrit comme tache au gouvernement de transition, la recherche d’une solution pérenne aux perturbations du monde du travail par la conclusion d’un pacte de stabilité social, sécuritaire et de croissance. Cette volonté des pouvoirs publics d’associer les partenaires sociaux aux réformes envisagées résulte de la conviction du Gouvernement qu’un consensus est nécessaire entre les principaux acteurs du monde du travail pour résoudre les questions économiques et sociales importantes, promouvoir la bonne gouvernance et favoriser la paix et la stabilité sociale et économique.
Les recommandations qui sortiront de cette conférence permettront, sans nul doute, l’élaboration d’un pacte de stabilité sociale et un plan d’action de mise en œuvre des recommandations.
Ibrahim Sanogo et Anguimé Ansama
Source Malikilé
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