CVJR : contribuer à l’instauration d’une paix durable au Mali

Facebook
Twitter
LinkedIn
IMG-20220611-WA0023

Depuis son accession à l’indépendance, le Mali a connu des crises qui ont conduit à des violations graves des Droits de l’Homme, dont des violences perpétrées spécifiquement sur des femmes et des enfants, porté atteintes à la stabilité institutionnelle, à la paix, à l’unité nationale et ébranlé les fondements du vivre ensemble. C’est dans ce contexte que la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) a été mise en place avec le mandat de « contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale et des valeurs démocratiques ».

En effet,  dans cet esprit, la CVJR a inscrit en bonne place dans ses activités l’organisation d’audiences publiques portant sur les thèmes suivants : Les atteintes au droit à la liberté (arrestations, détentions, enlèvements, séquestrations,) ; les atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique (assassinats, meurtres, tortures, traitements inhumains, cruels et dégradants) ; les disparitions forcées ; Les atteintes au droit à la propriété (pillages et dégradations de biens) et Les violences contre les femmes et les enfants.

Le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, lors de la 5ème audience publique, a précisé qu’il ne s’agit pas d’audiences judiciaires. Néanmoins, il a expliqué qu’à la différence des tribunaux qui cherchent à établir la culpabilité ou l’innocence des auteurs présumés, dans cette audiences, seules les victimes sont entendues et la CVJR leur offert un cadre digne et sécurisé où elles pourront raconter les souffrances vécues.

Aussi, l’audience publique est un espace d’écoute respectueuse, où les victimes ont un rôle de premier plan. C´est un cercle de solidarité, construit autour du récit des victimes, comme tant d’institutions traditionnelles au Mali. Elle permet surtout de rendre aux victimes leur dignité, d’intégrer leurs récits à la mémoire nationale et de faciliter un début de guérison. Pour le président Sidibé, il s’agit donc d’une contribution concrète à la promotion du dialogue, du pardon, de la réconciliation nationale et de la paix, toutes choses qui sont au cœur des missions assignées à la Transition.

Dans sa stratégie d’intervention, la CVJR accorde une attention particulière aux violations contre les femmes et les enfants. Pour ce faire, elle a mis en place une sous-commission genre, qui bénéficie de l’accompagnement de l’ONU Femmes et de l’UNICEF.

L’expression “violences sexuelles liées aux conflits” recouvre des actes tels que le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, l’avortement forcé, la stérilisation forcée, le mariage forcé, ainsi que toute autre forme de violence sexuelle d’une gravité comparable, perpétrés contre des femmes, des hommes, des filles ou des garçons, et ayant un lien direct ou indirect avec un conflit.

« Même si les enfants ne sont pas toujours les victimes directes  d’une violation donnée, il est certain qu’ils ont été profondément affectés par la majorité des incidents documentés par la CVJR », estime le président Sidibé.

Pour pallier à cette situation profondément injuste, la CVJR s’est engagée à inclure dans ses travaux les femmes et les enfants, à les faire participer, tout en les protégeant, et c’est pourquoi une thématique spéciale lui ont été réservée.

des victimes racontent leurs récits lors des audiences publiques

Lors de ses audiences publiques, la CVJR souhaite donne l’occasion unique de mesurer les conséquences à long terme des violations des droits de l’enfant à travers des témoignages d’adultes décrivant les impacts de ce qu’ils ont vécu à l’enfance.

Ainsi, les audiences publiques se tiennent à un moment où le Mali vit une situation sécuritaire des plus difficiles, affectant lourdement la vie de ses concitoyens et de ses soldats. Lors de ces audiences, il s’agit de porter un regard introspectif sur la CVJR, afin de susciter une prise de conscience collective en tant que nation décidée à tirer les leçons du passé pour construire un avenir meilleur pour ses enfants. « La construction de la paix ne consiste ni à masquer la vérité, ni à ignorer le passé, mais à en tirer des leçons afin de rendre possible un futur plus apaisé pour nos enfants de Kayes à Kidal », conclu, le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, lors de la 5ème audience publique de la CVJR.

Sur le rapport du ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale, le Conseil des Ministres a adopté des projets de texte relatifs à la création, à l’organisation et aux modalités de fonctionnement de l’Autorité de Gestion des Réparations en faveur des Victimes des Crises. Pour faciliter le dialogue, le pardon, le vivre ensemble et les réparations en faveur des victimes de ces évènements, le Gouvernement a créé la Commission Vérité, Justice et Réconciliation et adopté la Politique nationale de Réparation et son Plan d’actions 2021-2025.

L’objectif général de cette Politique est de restaurer la dignité des victimes en leur accordant par voie administrative des mesures de réparation des préjudices qu’elles ont subis du fait des violations des Droits de l’Homme commises en lien avec les crises depuis 1960.

En outre, les projets de texte adoptés créent, sous la forme d’Autorité Administrative Indépendante, l’Autorité de Gestion des Réparations en faveur des Victimes des Crises avec pour mission d’assurer la gestion des réparations des préjudices causés par les violations graves des droits de l’Homme lors des crises au Mali depuis 1960 en faveurs des victimes ou leurs ayants droit.

Kossa Maïga

Sur le même sujet