Comme une odeur de corruption, favoritisme…de manque de transparence à la mairie de la commune VI du district de BAMAKO
Approchés par notre équipe d’enquête par souci d’équilibre de l’information, Madame la secrétaire générale et son comptable ont tous deux nié en bloc les soupçons, affirmant agir dans la limite de leurs prérogatives.
Corruption, favoritisme, népotisme, clientélisme, l’injustice, manque de transparence… voilà entre autres des maux qui caractérisent la gestion des affaires de la mairie de la commune VI du district de Bamako. Sous le leadership de la secrétaire générale, Madame Salimata TRAORÉ, en complicité avec son comptable, Ibrahim TRAORÉ, la mairie de la commune VI connait aujourd’hui un véritable scandale qui ne dit pas son nom. Ces autorités communales agissent en violation du code des collectivités territoriales et gèrent l’administration de la maire comme leur patrimoine familial.
Depuis leur arrivée aux affaires, la secrétaire générale et son comptable géreraient la Mairie avec des pratiques qui jurent avec la loi. Selon des sources bien introduites, un recrutement massif de 71 personnes se serait effectué avec des affectations hors la loi. Cela profiterait à leurs proches : filles, fils, neveux, beaux fils, tontons, copines, des vieux qui n’ont ni diplômes, encore moins instruits et qui gèrent les centres secondaires à leur guise au vu et au su de tout le monde.
Les personnels qui réalisent de belles performances en matière de recouvrement de quittances dans leurs centres secondaires sont affectés dans d’autres centres pour faire place à leurs proches afin de profiter des ressources de l’Etat.
De mutations en mutations sans aucune base légale.
Malgré les belles performances réalisées par le centre secondaire de Yirimadio (16 millions de Francs CFA, un résultat jamais réalisé dans la commune), l’agent de recouvrement a été affecté à Banankabougou au profit d’une de leurs copines. Peut-on parler d’une affaire de copinage ? En tout cas, tout porte à croire que la secrétaire générale et son comptable gèreraient les affaires publiques de la Commune avec favoritisme, voire népotisme.
À signaler que les personnels des centres secondaires de Sogoniko, Niamakoro, Senou, Banankabougou qui n’ont pas réalisé de résultats probants, ont été maintenus à leurs postes car, ils sont occupés par leurs proches qui détournent les ressources de l’Etat sous la couverture de la secrétaire générale et du comptable.
Selon les mêmes sources, un service de recouvrement a aussi été créé à Missabougou. Il nous revient aussi que les personnels de certains centres partageraient directement l’argent des recouvrements avec le comptable Ibrahim TRAORÉ. La question que l’on se pose est de savoir : les équipes de recouvrement qui passent la journée sous le soleil ardent pour les recettes de la mairie ne méritent-elles pas de ristourne ?
En ce qui concerne le paiement de salaire, le traitement du personnel ne serait pas équitable dans la mesure où certains toucheraient 75 000 FCFA pendant que d’autres sont entre 100 000 ou 175 000 FCFA. Pourtant, le code des collectivités territoriales confère à la secrétaire générale de gérer uniquement les affaires courantes de la Mairie. Par complicité avec son comptable, elle serait manipulée par ce dernier pour gérer illégalement au-delà de leur limite conférée par la loi. Face à cette situation, le secrétaire général du Syndicat National des Agents des Collectivités Territoriales de la Commune VI du district de Bamako,(SNACT-CVI-DB) M. Ladji Sinayoko, a adressé une première lettre le 21 janvier 2025, au Gouverneur du District de Bamako dans laquelle il attire son attention sur les violations de certains textes, suite à la dissolution du conseil communal de la commune VI du district de Bamako, du décret n°2024-0774/PT-RM du 31 Décembre 2024. Il ressort de cette note que la décision n°2025-0201/GDB du 14 janvier 2025 portant désignation d’un agent chargé d’expédier les affaires courantes de la commune 6 du district de Bamako, l’agent en question a désigné, par ses soins, d’autres agents pour expédier les affaires courantes des centres secondaires à savoir : (les signatures d’actes de naissance et de mariage, la célébration des mariages, la législation des documents, etc.). Alors que ces missions sont dévolues aux officiers d’état civil selon le code des collectivités territoriales.
Dans une deuxième lettre adressée au Gouverneur du District de Bamako, datée du 6 février 2025, relative au recrutement du personnel, M. Sinayoko a expliqué que de nouveaux agents ont signé des contrats de travail en cachette et la nouvelle s’est vite répandue à travers toute la commune. Il ressort des investigations que la plupart des anciens conseillers communaux n’étaient pas au courant de ce recrutement et que le conseil communal n’a jamais délibéré en 2024 sur un éventuel recrutement.
Dans cette même lettre, M. Sinayoko s’interroge comment un agent chargé d’expédier les affaires courantes et le comptable peuvent-ils se permettre d’un tel recrutement et ce dans une période transitoire pendant que le personnel de la mairie de la commune VI du district de Bamako dépasse déjà 300 travailleurs dont certains sont toujours absents pour faute d’occupation et de places ?
Toujours dans la même lettre, il rappelle que les travailleurs de la commune ont mené une très longue lutte pour avoir des primes et indemnités sans gain de cause. Cependant, l’argument avancé par les autorités communales était l’insuffisance des ressources financières. En plus de ces deux lettres, le secrétaire général du Syndicat National des Agents des Collectivités Territoriales de la Commune VI du district de Bamako a aussi adressé une lettre à la Direction Nationale de l’Etat Civil et une autre au Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.
Concernant le Directeur National de l’Etat Civil, il a informé de la violation du code des collectivités territoriales par les autorités de la mairie de la commune VI du district de Bamako dans l’établissement des actes de naissance, de mariage et de décès. S’adressant au département en charge de l’Administration des Collectivités Territoriales, il a informé sur la situation qui prévaut dans la mairie de la commune VI du district de Bamako.
Dans le cadre de sa vérification pour la gestion de la Commune VI du district de Bamako, au titre des exercices 2019, 2020, 2021 et 2022, le rapport du vérificateur général a relevé des irrégularités financières d’un montant total de 323 873 245 FCFA. Elles sont relatives à l’octroi irrégulier de primes de communication et de fonction pour un montant total de 21 450 000 F CFA ; au paiement irrégulier d’indemnités de fonction pour un montant total de 3 600 000 F CFA ; à la non-déclaration des recettes issues des célébrations des mariages pour un montant total de 58 836 700 F CFA ; à la non-justification des fonds d’Appui direct à l’amélioration des rendements scolaires pour un montant total de 138 048 500 F CFA ; à la non-justification des fonds destinés aux cantines scolaires pour un montant total de 101 938 045 F CFA.
La mission de vérification a constaté que la mairie de la Commune VI du district de Bamako ne dispose pas de Bureau d’accueil, d’information et d’orientation des usagers. La visite des locaux de la mairie par l’équipe de vérification a révélé qu’aucun dispositif formel d’accueil, d’information et d’orientation des usagers n’y existe. La Commune VI du district de Bamako ne dispose pas de Programme de développement économique, social et culturel actualisé. La CVI-DB n’a pu mettre à la disposition de l’équipe, un PDESC couvrant la période 2021 à 2025. Il ressort du même rapport que la Commune VI du district de Bamako ne tient pas les documents de la comptabilité-matière. Le maire n’a pu mettre à la disposition de l’équipe de vérification les documents demandés. Les documents de mouvement ne sont pas tenus et aucun inventaire des biens meubles et immeubles n’est disponible. Cette commune ne respecte pas les procédures applicables aux marchés en dessous des seuils de passation des marchés publics.
Ce rapport a décelé des manquements graves dans la gestion administrative et financière de cette municipalité. Les élus en ont payé les frais. Cependant, le comptable demeure malheureusement en place. Dans le souci de bien recouper les informations prouvant notre impartialité dans le traitement de ce dossier, nous avons rapproché la secrétaire générale et son comptable. En réponse à nos questions, ils ont tous deux nié en bloc les faits qui leur sont reprochés. Selon la secrétaire générale, la mairie a connu ces derniers temps des permutations du personnel permettant d’atteindre ses objectifs. Et d’ajouter d’autre part que ces missions relèvent bel et bien de leur compétence.
En définitive, tout porte à croire, d’après plusieurs témoignages que la mairie de la commune VI traverse aujourd’hui un véritable scandale, fondé sur l’injustice et le manque de transparence dans la gestion des affaires communales.
À suivre !
A Cissé