Il était l’invité de l’émission « Grand jury » de Renouveau TV. Housseini Amion Guindo, président de la CODEM, puisque c’est de lui qu’il s’agit, reconnait la montée en puissance des FAMa dans leur posture actuelle. Cependant, l’ancien ministre demande aux autorités de penser à l’économie et aux populations vivantes dans la misère. Selon lui, le refus du soutien au gouvernement ne doit pas être un crime pour ceux qui sont intelligents.
Selon lui, la transition se définit par la gestion du pays durant une période courte. « Au début de la transition, dit-il, en créant Jiguiya Kura nous avons dit qu’il y avait deux objectifs assignés à la transition : la sécurité et l’organisation des élections, pour un retour à la normale. Si je dois tenir compte des deux aspects, deux ans après, je dirais que c’est un échec tout simplement », a indiqué Housseini Amion Guindo.
Le patriotisme aveugle
Il est d’accord que la population soutient les gouvernants. Mais, l’ancien ministre dénonce les chantages qui consistent à s’attaquer à l’intelligence des autres. « Nous savons que c’est très dur en ce moment de parler parce que tout simplement quand le soutien aveugle à un gouvernement devient le symbole de patriotisme, être intelligent ou réfléchi devient un crime », a dénoncé le président de la CODEM, Amion Guindo.
L’insécurité toujours au centre malgré la montée en puissance des FAMa
Concernant la montée en puissance de l’armée, le Président de la CODEM s’est félicité de la posture actuelle des FAMa. «… Je salue le changement de posture de notre armée aujourd’hui qui est agressive. Auparavant, c’est dans les camps qu’on partait les trouver, mais aujourd’hui, c’est une armée qui patrouille, qui sort, qui se défend et qui inflige de lourde perte à l’ennemi », a-t-il reconnu.
Cependant, il refuse la confusion faite par l’opinion. « Un pays n’est pas seulement lié à l’armée », dit-il. « Il ne faut pas qu’on se trompe, l’armée peut aller aujourd’hui libérer Ségou et après ils vont continuer sur Mopti et entre temps les terroristes viennent s’installer à nouveau à Ségou, parce que tout, simplement, on ne garde aucune position, parce qu’on n’a pas les effectifs nécessaires. Donc, c’est avec le temps qu’une armée réellement à hauteur des souhaits se construit. Je suis pour qu’on dote l’armée en avions parce que nous avons un grand territoire et il faut doter l’armée. Il faut réellement soutenir l’armée mais il ne faut pas rêver. Ce n’est pas en deux mois, ni en trois mois que cela va se faire. Nous avons un territoire de plus d’un million deux cents Km2. Nous avons une armée nationale qui n’a pas un effectif de 50 000 hommes. »
Toutefois, a-t-il souligné, l’armée peut gagner des victoires mais il y a l’économie et la misère des populations. « Aujourd’hui, les gens cherchent à manger, les enfants veulent aller à l’école, vous oubliez ça », rappelle-t-il.
Dans beaucoup de zones, surtout dans le milieu rural, les populations ne vivent pas comme à Bamako, au Mali. « Ils vivent sous d’autres administrations, parce qu’il n’y a plus de préfet, de sous-préfet, de juge, il n’y a plus rien. Alors c’est la charia là-bas. Il y a des gens qui tranchent tous ceux qui signent les accords avec eux. Il y a quelqu’un qui fait la justice entre eux, les populations payent la Zakat, ils voilent les femmes. Donc, il y a d’autres types d’administration aujourd’hui dans notre pays. Ces accords sont souvent signés avec des terroristes. Les populations signent tout simplement parce qu’il n’y a pas d’Etat », explique l’ancien ministre.
Selon ses explications, dans ces accords, les terroristes exigent des populations de ne plus coopérer avec l’Etat central, donc de ne plus renseigner l’Etat. « Je vous parle de la quasi-totalité du cercle de Djéné, de la quasi-totalité du cercle de Téninkou, de la quasi-totalité du cercle de Youwarou, de la quasi-totalité du cercle de Douentza, de la quasi-totalité du cercle de Koro, de la quasi-totalité du cercle de Bankass ».
Selon Amion Guindo, « partout où vous voyez des attaques, ce sont des communes qui ont refusé de signer ces accords avec les terroristes. Les communes qui sont considérées comme traitres, accueillent l’Etat ».
L’ancien ministre, Amion Guido affirme que même chez lui à Bambou, c’est un accord qui a été signé avec les terroristes pour qu’il y ait la paix. Il y avait un camp à Diankabou, ce camp n’est plus là, il n’y a plus de sous-préfet. Il n’y a plus de justice, il n’y a plus rien, déplore-t-il.
Parlant de cette insécurité, elle n’est pas selon lui que dans la région de Mopti, « venez juste à Niono, il y a des communes qui ont signé ». Il a rappelé que le Haut conseil islamique avait négocié, avec qui ? Farabougou ? Allons chercher !
Toutefois, il reste « entièrement d’accord que notre armée est montée d’un cran en puissance, cela est une réalité que ce soit en termes de recrutement, que ce soit en termes de financement, d’équipement, l’armée est montée en puissance même sur le plan mental. C’est pourquoi je vous disais que la posture a changé mais ça ne veut pas dire que la sécurité est revenue sur l’ensemble du territoire ».
Binadjan Doumbia
Source : Malikilé