Le Président de la transition du Mali, le Colonel Assimi Goïta a reçu une délégation de haut niveau de la CEDEAO composée des présidents Adama Barrow de la Gambie, de Nana Akufo-ADDO du Ghana, du médiateur de la CEDEAO pour le Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan et du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, représentant le président Faure E. Gnassingbé. La délégation de chefs d’État est arrivée hier jeudi 29 septembre 2022 à Bamako. Objectif : obtenir la libération des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis le 10 juillet dernier. Cette mission semble ultime pour désamorcer la crise entre le Mali et la Côte d’ivoire…
Le Président de la Transition a accueilli ses homologues à l’aéroport international Modibo Keïta de Bamako-Senou. Il s’agit d’une délégation de haut niveau envoyé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Elle est composée du Président gambien, Adama Barrow, du Président ghanéen, Nana Akufo-ADDO, du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey (représentant le président Faure E. Gnassingbé) et du médiateur de la CEDEAO pour le Mali, Goodluck Jonathan, tous venus plaider la cause des 46 soldats/mercenaires ivoiriens.
Pour l’heure, aucune information n’a filtré concernant les échanges. Mais tout porte à croire que cette mission est celle de la dernière chance.
En effet, il convient de rappeler que l’ONU, à travers sa représentation en Afrique de l’ouest dirigée par l’ex patron de la MINUSMA, Saleh Annadif et Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, s’est activement investie dans ce dossier. Les deux diplomates ont été reçus par Faure Gnassingbé le 11 aout dernier à Lomé. Le Président de la transition du Burkina-Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba est la dernière personnalité régionale en date à s’être également investie dans ce dossier. Avant sa visite à Bamako, le président du Faso avait échangé en toute discrétion avec le Président Faure Gnassingbé en terre togolaise fin août dernier sur le sujet. L’implication du Nigéria par l’intermédiaire de son ministre des Affaires Etrangères n’a pas non plus fait bouger les lignes.
Toutefois, la visite d’une mission officielle de la CEDEAO avec deux présidents, doit pouvoir peser dans la balance pour convaincre les autorités maliennes. Même si, le chef de la diplomatie malienne a déclaré récemment : « Nous avons dit depuis le début que tout ce que le Mali veut, c’est chercher les voies et moyens pour trouver un terrain d’attente entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Mais si c’est pour imposer des décisions au Mali, cela ne passera pas… » Avant d’ajouter « Les démarches entamées par la CEDEAO ne constituent pas des solutions pour nous ».
Les maliens divisés sur cette médiation
Au Mali des acteurs politiques et des observateurs sont divisés sur la question. Si certains pensent que cette médiation pourrait décanter la situation, d’autres estiment qu’il faut accélérer l’action judiciaire. Pour Mahamadou Doucouré, vice-président du Front Uni pour la Sauvegarde de l’Intégrité du Mali (FUSI-Mali), cette histoire aurait pu avoir un dénouement heureux si les deux chefs d’État avaient mis de côté leur égo. Pour lui, le scénario aurait dû être celui-ci, dès les premières heures : « Un président ADO qui prend son avion, il tombe à Bamako et dit à son jeune frère, je suis venu chercher mes gars. Quels que soient les griefs que vous avez détectés dans cette affaire-là, même s’ils ont failli remettez-les-moi, je les ramène chez moi. Cela pouvait régler l’affaire ». Il reste tout de même optimiste et espère que la rencontre entre la délégation de la CEDEAO et le président de la transition aboutisse à un début d’une solution.
Cependant, la présidente du parti pour le Renouveau et le Développement (PRD), pense qu’il faut plutôt laisser la justice malienne s’occuper de cette affaire. Quitte à gracier, après, ces militaires ivoiriens mis en cause. « Faites un jugement je le répète ; parce que c’est la seule chose que je vais dire sur ce dossier. Qu‘on les juges en fonction de leur infraction ou crime, et ensuite utilisez la voie diplomatique pour leur accorder une grâce présidentielle », défend Assétou Sangaré membre du PRD.
De son côté, le politologue Dr. Abdoul Sogodogo préconise la poursuite de la médiation togolaise, qui a permis de libérer trois des 49 soldats ivoiriens. « Il serait préférable que le Mali et la Côte d’Ivoire retournent dans la médiation togolaise. Parce que le Togo est un pays-frère au Mali et à la Côte d’Ivoire. Vous ne pouvez pas lui confier une telle mission et du jour au lendemain faire comme si le Togo était un malpropre », regrette l’analyste politique. A Abidjan comme à Bamako, on le sait, le sort de ces militaires est suspendu à cette ultime mission de la CEDEAO. Les jours à venir nous en diront davantage.
Binadjan Doumbia
Source : Malikilé